La forêt, source d’opportunités
Abritant 80% de la biodiversité terrestre1, la forêt est un puissant écosystème, à l’origine de services économiques et sociaux inestimables. Production de bois, d’oxygène, de nourriture et de médicaments, séquestration du carbone, régulation du climat, refuge d’espèces végétales et animales… les services écosystémiques rendus par la forêt sont immenses et vitaux. En Suisse, un tiers du territoire est couvert de forêts, 35% des espèces en sont tributaires, et la moitié des espèces prioritaires y trouve refuge.
NOTRE ALLIÉE CONTRE LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE
La forêt est un puit de carbone naturel et joue un rôle décisif dans le régime des pluies, stocke l’eau, protège les sols, favorise la baisse des températures… Pourtant, entre urbanisation et monocultures intensives, sa destruction s’accélère. Sans compter les incendies de l’été, qui ont de plus provoqué des records d’émissions de CO2 en Europe, quelque 6,4 mégatonnes de carbone rejeté selon le programme d’observation de Terre Copernicus2.
La préservation des forêts concerne de nombreux secteurs, de la construction aux biens de consommation. Le bois est une alternative au béton, comme le plastique pour les emballages par exemple. Investisseurs responsables, pionniers de l’investissement à impact coté en France, nous portons une attention grandissante aux impacts des stratégies des entreprises sur cet écosystème, qu’elles soient exploitants, producteurs de bois, qu’elles utilisent le bois ou ses dérivés, ainsi qu’à leur politique de reforestation.
Plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est en effet résilient.
Parmi les plus vertueuses, selon nous, SCA3, premier propriétaire forestier d’Europe, produit des matériaux issus de bois et matières premières renouvelables, qui se substituent au plastique dans les emballages. Ce groupe suédois, dont les forêts sont certifiées par les standards mondiaux PEFC et FSC, replante au moins deux arbres par arbre coupé et réduit les zones de coupe abritant des espèces en danger. Autre exemple avec l’allemand Steico, leader mondial des isolants naturels à base de bois. Ses produits d’isolation et de construction, fabriqués à partir de bois qui séquestrent du carbone, émettent ainsi significativement moins de CO2 que le ciment ou l’acier.
Nous portons aussi une attention particulière aux entreprises dont l’activité ou les matières premières dépendent de la biodiversité, pour privilégier celles dont les stratégies prennent en considération une gestion durable, comme LVMH. Moët-Hennessy plante ainsi des haies et des forêts afin de couper le vent, réguler l’écoulement des eaux de pluie, favoriser la pollinisation, améliorer la qualité des sols, etc., pour préserver l’écosystème de ses vignes. Ce qui induit un coût plus élevé, mais traduit une vision de long terme stratégique. Plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est en effet résilient. Également dépendant de la biodiversité, L’Oréal s’engage d’ici 2030 à concevoir, sans impliquer aucune déforestation, 100% d’emballages recyclés et à recourir pour ses formules aux matières premières renouvelables, biosourcées, issues de sources durables.
Autre point de vigilance, nous veillons à l’impact social des politiques menées. La transition juste est un des enjeux de la transformation de l’économie, et l’un des axes de notre stratégie à impact. La transition juste prend ainsi en compte les conséquences de la trajectoire climatique des entreprises en portefeuille sur l’emploi et l’accessibilité des produits. 2,4 milliards de personnes dans le monde dépendent du bois en tant que combustible pour cuisiner et deux tiers de la production mondiale de bois rond proviennent d’espèces d’arbres sauvages rappelle l’IPBES4. Être attentifs aux politiques de reforestation permet de vérifier si celles-ci se font en concertation avec les communautés locales.
La perte des services écosystémiques délivrés par les forêts génère des risques, pour les Hommes, les entreprises, pour l’économie et la planète. La prise de conscience émerge, et le changement climatique rebat les cartes. Si le rôle des entreprises, maillons essentiels de la protection de la biodiversité, est décisif, celui des investisseurs peut aussi changer la donne. L’enjeu est de taille, le Forum économique mondial estime que 50% du PIB mondial dépend de la biodiversité5.
1 WWF
2 Entre le 1er juin et le 21 août 2022
3 Les valeurs et secteurs sont cités à titre d’exemple. Leur présence en portefeuille n’est pas garantie.
4 IPBES, 2022
5 FMI, Rapport Risques Globaux, 2021
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Source: Allnews | 11 oct 2022 | Paul Merle, La Financière de l’Echiquier (LFDE).
Paul Merle, Gérant
Bénéficiant d’une expérience de 20 ans, Paul rejoint LFDE en 2020 comme co-gérant d’Echiquier Climate Impact Europe et d’Echiquier Major SRI Growth Europe. Il débute sa carrière en 2001 à la Banque CPR avant d’intégrer Federis Gestion d’Actifs dont il devient Responsable de l’analyse ISR en 2010. En 2016, il rejoint La Banque Postale AM comme gérant-analyste ISR et devient en 2019 Gérant Actions Thématiques Durables. Il est diplômé d’un Master en Finance de Paris 1 Panthéon Sorbonne.
La Financière de l’Echiquier (LFDE) est investisseur en entreprises depuis plus de 30 ans. Elle est l’une des principales sociétés de gestion entrepreneuriales de France. Spécialiste de la sélection de valeurs européennes et internationales, LFDE a développé une gamme de solutions responsables et thématiques. Présente en Suisse depuis 2010, LFDE gère 14,5 milliards d’euros au 31.12.2021.